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Le Blog Autre
1 août 2006

La Photo de Solway Firth

(Pour voir les images en plus grand, cliquez dessus.)

   

     Pour inaugurer ce blog consacré aux faits et phénomènes « autres », permettez-moi de revenir sur le mystère entourant une étrange photographie prise en 1964 dans les marais de Burgh, près de l’estuaire de Solway Firth, à quelques kilomètres de la ville de Carlisle (Angleterre). Cette photo, qui fut publiée à l’époque dans plusieurs journaux anglais et étrangers, suscita un certain émoi chez tous ceux qui prirent connaissance de son contenu énigmatique. Mais aujourd’hui, cet incident et le trouble qui lui est lié sont tombés dans l’anonymat le plus complet et seuls quelques revues obscures et sites chelous (comme le mien) spécialisés dans le paranormal et l’ufologie évoquent encore cette ténébreuse affaire.

 

     Mais commençons par le commencement. Un jour, plus précisément le 23 mai 1964, un dénommé Jim Templeton (je n’ai pas trouvé une seule photo de lui, désolé), ex-pompier et photographe amateur, se rend avec sa femme et sa fille Elizabeth, âgée de cinq ans, dans les marais de Burgh pour une promenade sur les belles et vastes prairies dont regorge cet endroit. Le temps est chaud et ensoleillé ; il y a des vaches et des moutons ; deux vieilles dames tricotent dans une voiture garée non loin de là ; bref, tout semble normal. Repérant un paysage bucolique qui le subjugue, Jim décide de prendre Elizabeth en photo dans sa nouvelle robe, un bouquet de fleurs à la main. Puis la petite famille continue sa balade insouciante. Templeton se servira encore de son appareil pour immortaliser cette sympathique excursion.

UN INVITÉ SURPRISE

    Jusqu’ici, tout va bien. Mais, à partir de là, les choses se compliquent sérieusement. En effet, quelques jours plus tard, Jim Templeton récupère les photographies de la sortie du 23 mai chez le développeur à qui il a confié la pellicule. En les lui remettant, celui-ci regrette que le meilleur cliché d’Elizabeth ait été gâché par l’homme qui passait par là. Cette remarque désempare un Templeton qui ne comprend pas du tout ce que veut dire le marchand. En sortant de la boutique, il passe en revue toutes les photos. Jusqu’à ce qu’il tombe sur celle où sa fille tient un bouquet de fleurs dans la main… Voilà ce qu’il voit :

Solway_Firth_1

     Templeton est abasourdi : d’où sort cet individu à la combinaison blanche debout derrière sa fille ? Car le jour où il a pris cette photo, il n’y avait personne d’autre qu’Elisabeth et son bouquet dans l’objectif de son appareil. Il en est absolument certain. Et à aucun moment durant la promenade dans les marais, lui, sa femme et leur bout de chou n’ont croisé un grand homme de ce genre, engoncé dans un costume spatial de couleur blanche. Bref, comme je vous l’ai dit, les choses se compliquent sérieusement. Mais avant d’aller plus en avant dans ce récit stupéfiant, procédons à un agrandissement de la photo :


Solway_Firth_2

     Deux observations peuvent être faites concernant l’être (appelons-le ainsi par défaut puisque l’on ignore ce qu’il est réellement) qui surplombe la charmante Elizabeth :

1) Il se tient bizarrement. Il semble en déséquilibre sur une jambe. On pourrait même croire que ses pieds ne touchent pas le sol et qu’il flotte dans les airs.

2) Si l’on considère que l’être porte un casque (le petit rectangle noir à l’extrémité de son corps, là où se trouve là tête, s’apparente en effet à la visière d’un casque), alors on ne peut que constater qu’il fixe l’objectif de l’appareil de Jim Templeton, à l’instar de la petite fille. Or, son bras droit semble être à l’envers, comme s’il était tourné de l’autre coté, vers les paysages se situant derrière le coin d’herbe où Elizabeth fait la pose (la bande bleue ciel qui longe la ligne oblique délimitant l’espace gazonné). Serait-il contorsionniste ou… une créature vraiment autre ?

     Mais reprenons notre histoire là où nous l’avons laissée en suspens... Templeton, soupçonneux devant un fait aussi chelou, décide de remettre le cliché à la police. Qui le soumet à des ingénieurs de Kodak, le fabricant de la pellicule sur laquelle a été imprimée la scène, pour un examen approfondi. Celui-ci ayant été effectué, les experts sont formels : le document ne présente aucun défaut photographique et n’a pas été modifié par le biais d’un quelconque trucage. Bref, il est authentique de chez authentique.

LES MEN IN BLACK

     C’est alors qu’entrent en jeu les « chiens » de journalistes (pour reprendre l’expression de François Mitterrand lancée lors de l’enterrement de Pierre Bérégovoy en mai 1993). Et vous savez comme moi que lorsque déboulent les journalistes dans une affaire quelconque, il existe une forte probabilité pour que tout parte en vrille ou, du moins, pour que l’affaire en question prennent des ramifications inattendues (cf. le meurtre du petit Grégory en octobre 1984). Eh bien, c’est exactement ce qui va se passer avec le dossier de la photo mystérieuse de Solway Firth qui atteindra une ampleur totalement disproportionnée par rapport au contexte anodin dans lequel elle a débuté !

     La presse ayant entendu parler de l’être mystérieux « capturé » involontairement par Jim Templeton, elle parvient à publier l’intrigante photographie. Bientôt, après un effet boule de neige incontrôlable, ce sont des centaines de magazines et de journaux dans le monde qui diffusent le minois de la petite Elizabeth coiffée de son curieux chapeau blanc.

     Templeton reçoit alors la visite de deux individus assez chelous roulant en Jaguar, vêtus de costumes sombres, un peu dans le style des personnages de Tommy Lee Jones et Will Smith dans les deux films Men in black. Déclarant, cartes d’identité à l’appui, être des investigateurs travaillant pour le gouvernement, ils demandent à Templeton de les conduire à l’endroit précis des marais de Burgh où la photo d’Elizabeth a été prise. Là, ils lui posent des questions étranges sur le comportement des animaux locaux durant toute sa balade familiale, ainsi que sur les conditions météorologiques qui régnaient sur l’endroit ce jour-là. Puis l’un d’eux demande : « Et c’est là que vous avez vu l’être en blanc, donc ? » Templeton répond : « Désolé mais je n’ai vu personne. » Alors les deux hommes prennent subitement congé de leur vis-à-vis, regagnent leur Jaguar et laissent le pauvre père de famille tout seul dans les marais, à cinq miles de chez lui (c’est-à-dire huit kilomètres).

     Mais, au sens propre comme au sens figuré, Templeton n’est pas arrivé au bout de ses peines. En effet, après cet épisode « Men in black », l’affaire va encore basculer davantage dans sa tonalité « X Files ».

WOOMERA, AUSTRALIE

     Jim reçoit bientôt un courrier en provenance d’Australie, plus exactement de la zone de test de missiles de Woomera, au sud de l’île. Il s’agit d’une lettre écrite par des responsables de cette base. Ayant découvert la photo du curieux cosmonaute dans les journaux australiens, ils le pressent de lui envoyer une bonne copie couleur de celle-ci. La lettre précise les raisons de cette requête. Le lendemain de la promenade dans les marais de Burgh (le 24 mai 1964 pour ceux qui ne suivent pas), des fusées Blue Streak devaient être expérimentées dans la zone de Woomera. Mais le test n’a pu avoir lieu. Le compte à rebours a été stoppé en effet à cause de deux cameramen indépendants, chargés de filmer le lancement, qui ont aperçu dans le secteur deux grands personnages en blanc. La description qu’ils en font présente de nombreuses affinités avec l’être mystérieux de Templeton. Rappelons qu’à ce moment-là, la photo n’avait pas encore été développée. Elle ne pouvait donc avoir été montrée à qui que ce soit…

     Cette histoire va se terminer sur un rebondissement ultime, un peu comme dans les films de M. Night Shyamalan, mais un rebondissement qui n’expliquera rien et obscurcira davantage le mystère… Cette lettre australienne ayant fortement intrigué Templeton, celui-ci entreprend quelques recherches sur les éléments nouveaux apportés par le personnel de la zone de test de Woomera. Qu’apprendra-t-il au terme de ses investigations ? Que les missiles Blue Streak sont fabriqués en Angleterre. Plus précisément dans la base Spadeadam de la Royal Air Force, située à quelques miles des Marais de Burgh, sur la route qui va de Carlisle à Newcastle…

LA VÉRITÉ ?

     L’affaire ne connaîtra plus alors le moindre développement nouveau, ne sera plus bouleversée par un quelconque fait ou révélation imprévu.

     Aujourd’hui, quarante-deux ans plus tard, l’énigme n’a toujours pas été résolue. L’image défie toujours n’importe quelle explication raisonnable. Personne n’a été capable d’apporter le moindre éclaircissement crédible, n’a été capable de dire pourquoi un être se trouvant sur une photo a été invisible pour la personne qui tenait l’appareil, pourquoi des individus d’allure similaire ont été aperçus au même moment à deux endroits différents de la planète.

     Mouais. Ben vous savez quoi ? En travaillant et en m’informant sur ce sujet apparemment ténébreux et inexplicable, je pense l’avoir rendu moins ténébreux et inexplicable. Bref, je pense l’avoir élucidé.

     Déjà, l’alien bizarroïde de la photo de Jim Templeton a une apparence typique de l’époque où elle a été prise. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est en tous points conforme à l’image que l’on avait des visiteurs de l’espace dans les années cinquante et soixante, à la façon dont l’inconscient collectif les envisageait à ce moment du 20ème siècle. Regardez ces deux photos d’extraterrestres tirés de deux célèbres films américains de science-fiction des années cinquante, Le Jour où l’a terre s’arrêta et Planète interdite :


cap040


Robot_Plan_te_Interdite


     La ressemblance entre ces deux « choses » et l’astronaute de Solway Firth est troublante, non ? On observe la même forme humanoïde, le même aspect massif et le même habillage (casque et combinaison). Les similitudes avec l’être de la première photo sont même encore plus frappantes puisqu’il est de la même couleur (blanc) et, qu’en regardant de plus près, la matière dont est constituée sa tenue est assez voisine de celle de son collègue des marais anglais.

     Pourquoi donc un E.T. pris en photo devrait-il présenter le même look que ceux que l’on trouve dans les films de SF tournés à la même époque et, d’une manière générale, que ceux qui peuplent l’imagination des individus contemporains d’un document qui le montre ? Une créature non terrienne se fout des modes et des tendances qui dominent la planète bleue à un moment donné ; dans la mesure où elle vient d’un monde différent et inconnu, où sa façon de penser (si toutefois elle est consciente et pense) est par conséquent différente et inconnue elle aussi, ainsi que ses us et coutumes, la probabilité pour qu’elle présente un aspect coïncidant avec une représentation que les êtres humains se font d’un voyageur intergalactique est quasiment nulle. Qui a décrété qu’un extraterrestre devait forcément avoir une forme humanoïde ? Ou qu’il devait forcément être composé de matière ? Parce qu’un habitant d’une autre planète est, par définition, un être que l’on ne peut se figurer exactement et qui ne peut être l’objet que d’hypothèses, il peut ressembler à n’importe quoi. Mais vraiment à n’importe quoi. À quelque chose que l’esprit humain est même incapable d’envisager.

     C’est la raison pour laquelle je conclus à un canular. Si l’on regarde bien la photo de Templeton, on s’aperçoit que son bonhomme a une forme assez imparfaite et que ses contours sont plutôt grossiers. Normal : son corps n’est pas une masse concrète. Ce prétendu extraterrestre n’est rien d’autre en effet qu’un agglomérat de nuages qui, au moment où Templeton a libéré le petit oiseau, se sont assemblés et superposés pour créer la forme vaguement humaine que l’on voit sur la photo. Le 23 mai 1964, au dessus des marais de Burgh, le ciel était traversé par plusieurs pans nuageux, clairement visibles au second plan. L’être blanc n’est que le résultat de la trajectoire aléatoire de quelques blocs de nuages qui, eux, flottaient tout près des marais et de la petite Elisabeth. Quant à la visière (d’une forme assez régulière, elle aussi), il ne s’agit juste que d’un pépin technique survenu pendant le développement de la photo ; un doigt a sûrement dû se poser sur elle à ce moment-là. Si mon explication ne vous convainc pas, considérez donc le cliché en cachant la tête du cosmonaute avec un pouce ; vous constaterez alors que le reste de son corps ressemble à un nuage dès plus classique. C’est le casque (ou ce que l’on suppose être tel) qui induit l’observateur en erreur et lui fait croire qu’il est confronté à un visiteur spatial.

     L’alien de Solway Firth n’est donc que le fruit de plusieurs coïncidences (passage de nuages + dessin fortuit d’une silhouette humaine + incident technique lors du développement). En découvrant le portrait d’Elizabeth et son compagnon surprise, Jim Templeton s’est peut-être dit qu’il y avait là un bon coup à jouer en faisant croire au monde entier qu’il avait photographié un extraterrestre. Avec l’aide de quelques complices, il a très bien pu monter de toutes pièces ces histoires de « Men in black », de fusées Blue Streak et d’apparition simultanée de deux individus semblables aux antipodes. Cela lui a sûrement valu un pactole assez sympathique. Il prétend n’avoir touché aucune somme d’argent en retour des multiples publications de sa photo mais on sait très bien jusqu’où peuvent aller certains journalistes, surtout ceux qui bossent pour des tabloïds sans scrupules, prêts à mettre la main au portefeuille en échange de n’importe quel document susceptible de faire exploser les ventes de leur canard. Par conséquent, Templeton a très bien pu encaisser quelques petits chèques occultes… On n’est pas obligé de le croire sur parole quand il prétend le contraire… Mais bon, ce n’est que mon avis, hein !

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Commentaires
E
sur la photo c'est un mec qui fait son jogging et qui passe rapidement à l'arrière plan (il est de dos et en course), d'où sa position en relatif déséquilibre, d'où le flou, et d'où l'oubli ou la non prise en compte de cet évènement insignifiant et fugace imprimé au moment du cliché par le photographe.
J
Tu m'as l'air d'un bon détective! Je suis très contente d'ailleurs que tu dises que ce ne soit qu'in canulatr parce qyue cette histoire commençait à m,effrayer! Lol!
U
Nan, mais faut arrêter les gars... les nuages humanoïdes, les êtres humains robotisés... et pourquoi pas la première apparition du petit bonhomme en mousse pendant qu'on y est? <br /> je le dis, je le répète, l'étrangeté de l'image est due au flou de la photo, qui est, pour le coup, absolument involontaire, et même imposé au photographe s'il ne veut pas se retrouver avec une photo sous exposée (ce qui arrive lorsqu'on manque de luminosité). <br /> Donc finalement, rien d'extraordinaire... mise à part l'imagination débortante des êtres humains en général...
U
@ Ullrich (il s'écrit avec deux "l", ton prénom, maintenant ?)<br /> <br /> Juste une question : est-ce que, selon toi, les appareils photo de 1964 étaient assez perfectionnés pour créer des effets de flou comme celui dont tu parles et que tu penses être la clef de l'énigme ? Et puis, si on regarde bien la photo de la gamine dans son format normal, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de flou. Celui-ci n'est visible que sur l'agrandissement. J'aurais bien envie de te lâcher aux basques le chien que je viens de trouver, un grand truc aux reflets metalliques qui bave beaucoup, avec une très longue queue, une tête très allongée, plusieurs rangées de dents très pointues et dont le sang vert ronge la matière comme de l'acide...<br /> <br /> @ levieuxpad<br /> <br /> Pas mal la thèse du déguisement. Si ça se trouve, le 23 mai, c'est jour de carnaval en Angleterre...<br /> Et pas de violence sur mon site, hein ! Ou c'est moi qui te tape ! Je sens que tu vas recevoir la visite de mon chien, toi aussi...
L
C'est un excellent travail de journaliste comme quoi il y a des journalistes qui peuvent faire de l'excellent boulot!<br /> Pour la thèse du nuage, je trouve ça limite : on voit vraiment un bras qui se détache (moi je n'ai jamais vu de nuage avec un trou). Je pense que c'est plutôt un pote du père qui a revêtu une costume de robot.<br /> Et Ulrich, si tu dis que mon interprétation est folle je t'en fous une!
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