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Le Blog Autre

29 août 2006

Deux jeux vidéo nihilistes : Target; Renegade & Alien Shooter

     Dans ce troisième article du Blog Autre (12 millions de visiteurs depuis sa création le 1er août dernier, au passage… Je veux pas me vanter mais… euh… attendez… je consulte à nouveau les statistiques de fréquentation… J’ai fait une petite erreur de lecture, excusez-moi… En réalité, depuis le 1er août, le Blog Autre a été lu par… euh… 12 personnes… Bon, passons…), dans ce troisième article, donc, j’ai l’intention de vous toucher quelques mots d’un jeu vidéo édité par la société Imagine dans la deuxième moitié des années 80 pour les ordinateurs Amstrad CPC, à savoir Target; Renegade.


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     Target; Renegade appartient au genre du « beat’em all » (littéralement : « frappez-les tous ») qui consiste à décimer des déferlantes d’ennemis au fil des différents niveaux. Cette définition suffit amplement pour comprendre en quoi consiste le soft d’Imagine. Car le héros incarné par le joueur (ou les héros puisqu’il est possible de jouer à deux) a pour simple mission de débarrasser les cinq levels du jeu de toute la racaille qui les peuple ; des hordes de salopards dont la raison d’être est d’empêcher ledit héros d’accéder au QG du méchant final qui, une fois tué, marque le terme de l’équipée du joueur et consacre sa victoire. Autrement dit, dans Target; Renegade, tout ce qui n’est pas moi est un ennemi et tout ennemi doit être liquidé. Pour cela, je dispose d’une panoplie de coups relativement étoffée, empruntés aux différents sports de combat : coup de pied sauté, coup de pied retourné ou bien simples pains dans la tronche. J’ai aussi la possibilité d’utiliser les armes dont se servent mes adversaires pour tenter de me terrasser (maillet, fouet, gourdin, etc.). Je peux même avoir recours à des procédés totalement crapuleux comme briser les roubignoles d’un mec à l’aide de coups de genou rageurs ou achever au sol un ennemi que je viens d’envoyer au tapis par le biais d’une méchante série de mandales.

     Le premier niveau se déroule dans un obscur parking souterrain où des Hells Angels (certains sont sur leur moto) déboulent par dizaines pour faire la peau du petit connard en rouge qui ose s’introduire sur leur territoire.


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     Le deuxième niveau confronte le joueur à des prostituées blondes extrêmement agressives. Certaines d’entre elles n’hésitent pas à utiliser des fouets. Leur maquereau se pointe de temps en temps pour leur filer un petit coup de main. Cet enfoiré est armé d’un flingue ! (Il te touche et tu perds carrément une vie.)


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     Puis le joueur se retrouve dans un parc où il est opposé à deux types d’adversaires : des petites frappes écervelées qui jouent du coup de boule et des culturistes habillés de casquettes et de fuseaux vert fluo que l’on pourrait croire tout droit sortis de la boîte gay la plus proche.


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     Face-à-face ensuite avec une mystérieuse bande dont les membres sont vêtus de gilets sur lesquels est imprimée la lettre S (certaines de ces fripouilles sont capables d’éviter les coups de pied sautés) et qui sont accompagnés de molosses hyper méchants à coté desquels des rottweillers passent pour des écureuils.


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     Le joueur se pointe alors dans un bar où il fait la connaissance de sympathiques piliers de comptoirs qui ne se contentent pas d’essayer de l’empaler avec des queues de billards mais qui adorent aussi le soulever de terre pour lui donner de grands coups de boule dans la tronche !


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     La confrontation finale peut alors avoir lieu dans une salle de jeux contre une armoire à glace qui a des troncs de baobab à la place des deux bras.


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     Évidemment, les captures d’écran que vous venez de voir vous ont bien fait marrer. Car à coté des flamboyants spectacles proposés par les consoles et ordinateurs d’aujourd’hui, Target; Renegade ne peut que susciter la pitié. Pourtant, presque vingt ans après sa sortie, il reste encore très fun à jouer et pourrait en remontrer à bien des beat’em all de ce 21ème siècle naissant. Avec son rythme rapide et la simplicité de ses commandes qui le rendent extrêmement maniable, parcourir les cinq niveaux en cognant sur les vermines qui se présentent à soi s’avère un véritable plaisir. À deux joueurs, les ennemis voient leur nombre augmenter. On frôle alors l’éclate absolue, d’autant qu’il est possible de tabasser son collègue à n’importe quel moment.

     Target; Renegade est également une vraie réussite sur le plan artistique. Oui oui. Ne vous laissez pas abuser par des graphismes que l’on ne peut que qualifier de misérables en comparaison des tours de force techniques que représentent certains jeux aujourd’hui (tout est relatif et à l’époque, Target; était considéré comme beau). C’est surtout au niveau de l’ambiance que le titre d’Imagine vaut son pesant de cacahuètes, ce dont les images du dessus ne rendent pas forcément compte. Les lieux malfamés où se déroulent les levels (parking souterrain, ruelles sordides, parc chelou, troquet nauséabond), l’engeance de la rue à laquelle est opposée le joueur (loubards, motards, mafieux, putes, proxénètes, etc.), les dominantes vert terreux et bleu délavé, la musique tantôt mélancolique tantôt impétueuse, tous ces éléments participent à la confection d’une atmosphère urbaine craspec absolument fascinante qui fait carrément penser aux films de la blaxpoitation ou à certaines séries B de Roger Corman.    

     Mais Target; Renegade est avant tout une œuvre d’une violence inouïe. Il contredit l’idée selon laquelle les jeux vidéo se sont durcis au fil des années et que ceux d’aujourd’hui constituent le paroxysme de la brutalité et de la décadence. Si l’association Familles de France avait appris l’existence de Target;, elle aurait tout simplement porté plainte devant la Ligue des droits de l’homme. Et si un p’tit jeune de maintenant, de ceux qui croient que le jeu vidéo est né avec la Playstation, devait tomber un jour sur lui, il s’en détournerait aussitôt, impressionné jusqu’au haut-le-cœur par sa bestialité jusqu’au-boutiste.

     D’abord, Target; Renegade est dépourvu de la moindre scène d’intro explicative. Il n’est même pas scénarisé. Sa violence est donc totalement gratuite puisque c’est sans la moindre raison l’on doit fracasser les êtres vivants qui se dressent sur son passage. Cette absence de justification de la force le place au dessus des oppositions simplificatrices bons/méchants et bien/mal ; il met juste en scène des gens qui se foutent sur la gueule par pur plaisir. Rares sont les créations – tous domaines artistiques confondus – qui auront poussé la sauvagerie et l’anti-manichéisme aussi loin. De plus, par choix de gameplay ou par limitation technique, les niveaux sont dirigistes. La liberté de mouvement est quasiment inexistante. Quand tu avances et passes à l’écran suivant, il est impossible pour toi de revenir sur tes pas. Et il t’est impossible également, si les ennemis se montrent un peu trop nombreux à ton goût, de prendre la poudre d’escampette en zigzagant entre eux. Aussi, dans Target; Renegade, il faut tuer tout le monde pour progresser. Tu n’échapperas pas à la boucherie. C’est toi ou c’est eux. Enfin, le fait que l’on s’attaque à des cibles dites vulnérables, comme des femmes, des animaux ou encore des adolescents (la bande du quatrième niveau est composée entre autres de gamins se regroupant dans des salles d’arcade) renforce l’aspect amoral et hard-boiled du jeu. Comme la possibilité, lorsque l’on évolue à deux, de s’en prendre à son partenaire à tout moment en lui donnant, par exemple, un vicieux coup de pied par derrière pendant qu’il se bat farouchement contre plusieurs ennemis.

     Cerise sur le gâteau (et quelle cerise !) : lorsque le joueur se débarrasse du boss final (le colosse qui a des troncs de baobab à la place des bras), il n’a droit à aucune séquence conclusive au terme de laquelle défilent les noms des programmeurs. Pas du tout. Il se retrouve simplement au tout début du jeu, dans le parking souterrain face aux Hells Angels barbus, et est invité à se retaper les cinq niveaux dans leur intégralité jusqu’à se représenter devant le baobab humain et, en cas de victoire, se faire catapulter à nouveau dans le parking initial. Autrement dit, Target; Renegade n’a pas de fin. Ou alors, si fin il y a, c’est lorsque le joueur crève, épuisé et lassé par ces combats à répétition. J’aurais bien envie de chanter le « Noir c’est noir » de Johnny Halliday, là…


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     Cette construction cyclique du jeu lui donne une portée philosophique incroyablement profonde, dans la lignée de la pensée de Nietzsche et de Schopenhauer, ainsi que dans celle du film 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, dans lequel la violence est présentée comme le fondement de notre civilisation. Reprenant ce principe à son compte, Target; Renegade rappelle d’abord que, de tous les types d’attitude humaine, la violence est celle qui définit l’homme intrinsèquement. Débarrassé d’elle, celui-ci perdrait automatiquement son identité humaine et deviendrait autre chose. Pour faire plus simple, l’homme est homme uniquement parce qu’il est violent. La réflexion devient alors eschatologique : ce que Target; Renegade nous jette en effet à la figure, c’est que l’être humain est foutu, quoi qu’il fasse. Car cette violence essentielle est incompatible avec le concept de civilisation. Et qu’un jour ou l’autre, elle arrivera à bout de tous les efforts des individus pour construire un monde meilleur, pacifiste et harmonieux, et rayera l’humanité de la surface de la planète. On atteint là un degré de pessimisme vertigineux. Mine de rien, avec ses graphismes dépassés et ses petits bonhommes qui s’étripent joyeusement, Target; Renegade est l’œuvre la plus sombre de toute l’histoire de l’art, quelles que soient les disciplines.

     Dans le même style, il existe un jeu presque aussi extrême et désespéré que Target;, que m’a fait découvrir un proche au comportement et aux paroles étranges (ce curieux individu mériterait que lui soit consacré un article entier dans le Blog Autre). Ce jeu, c’est Alien Shooter, développé par Sigma Team, disponible uniquement sur Internet. Sa démo gratuite peut être téléchargée à l’adresse suivante : http://www.sigma-team.net/overview.htm


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     Alien Shooter appartient à la catégorie des « shoot’em up ». Le but de ce genre de jeu est identique à celui du « beat’em all » puisqu’il s’agit dans les deux cas d’occire des dizaines, des centaines, des milliers d’ennemis hostiles qui déferlent par vagues. Mais les moyens utilisés pour faire le ménage ne sont pas les mêmes : dans le beat’em all, les avatars ne se servent que de leurs pieds, de leurs poings et d’armes blanches, tandis que dans le shoot, ils ont des flingues dans les mains. Subtile différence, n’est-ce pas ?

     Le principe d’Alien Shooter est aussi simple que son titre l’indique (« casseur d’aliens » en français). Dans un environnement futuriste, un homme (ou une femme, selon le choix du joueur) doit littéralement purifier les différents environnements où il met les pieds de tout un tas de bébêtes à deux pattes extrêmement hargneuses ayant investi les lieux. La palette d’actions du héros est extrêmement réduite puisqu’il ne sait pas faire autre chose que tirer : ses deux bras sont continuellement tendus devant lui et l’unique geste qu’il se permet d’accomplir est d’appuyer sur les gâchettes des guns qu’il serre dans ses mains. Quant aux méchantes bestioles, elles ont deux particularités par rapport aux adversaires de base d’un jeu vidéo : 1) Elles n’attendent pas sagement que le casseur d’aliens vienne à elles pour les buter ; c’est elles qui se déplacent vers lui dans le but de le dévorer ; 2) Elles sont nombreuses, vraiment très nombreuses, innombrables même ; plus on en dégomme, plus leur quantité augmente autour de soi ; au bout d’un moment, voir ces hordes de saloperies multicolores débouler indéfiniment des quatre coins de l’écran pour se ruer sur son personnage met incroyablement mal à l’aise (on se croirait presque dans la fameuse scène de Starship Troopers de Paul Verhoeven où une base humaine est assaillie par des milliers d’arachnides déchaînés).

     Tout comme Target; Renegade, Alien Shooter conclut à la nature fondamentalement violente de l’homme et, dans l’élan de ce constat cruellement réaliste, annonce l‘annihilation prochaine de l’humanité. Son originalité consiste dans l’inversion des rôles qu’il propose. Car dans ce jeu, la bête primitive n’est pas cet extraterrestre bizarroïde qui se reproduit à l’infini mais bel et bien l’individu que le joueur manipule, ce bourrin surarmé qui massacre impassiblement des cohortes entières de monstres sans jamais présenter le moindre signe de lassitude ou de dégoût. Les créatures d’Alien Shooter ne servent qu’à mettre en relief la barbarie de ce psychopathe aveugle ; elles ne sont que le miroir de la bestialité constitutive de l'homme. Ce que ce jeu dévoile au joueur, en fin de compte, c’est que l’être humain n’est qu’un animal individualiste et décadent qui travestit sa nature réelle derrière ce leurre qu’est la civilisation. L’homme n’a aucune dimension sociale. Celle-ci n’est qu’un mensonge. La science anthropologique ne sert à rien. Bref, on va tous crever.

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12 août 2006

Il n'y aurait donc plus d'OVNI ?

Couverture_Sciences_et_Avenir

     En dépit de ce qu’annonce la devise du Blog Autre (« Ce que l’on ne voit jamais à la télé, ce que l’on n’entend jamais à la radio, ce que l’on ne lit jamais dans les journaux »), ce second article va s’intéresser au numéro du magazine Sciences et Avenir de ce mois-ci. Ouais, je sais, on peut considérer ça comme de la pub mensongère – voire carrément comme de la malhonnêteté intellectuelle – que d’arborer fièrement un slogan qui s’apprête à être contredit par ce qui est censé le justifier, à savoir le contenu du blog lui-même. Mais si j’ai décidé de reprendre une analyse que l’on peut lire dans un journal grand public disponible dans tous les kiosques de France et de Navarre, c’est parce que celui-ci annonce d’une manière tonitruante une nouvelle assez stupéfiante, à savoir la fin des OVNI. Ni plus ni moins.

     Mais comment Sciences et Avenir en est arrivé à cette conclusion à la fois surprenante et attristante ? Quels arguments avance-t-il ?

1) Les OVNI se sont démocratisés. Apparitions d’abord marginales intéressant seulement une poignée de curieux un peu illuminés, ils sont entrés aujourd’hui dans les mœurs et la culture collective. Par le biais notamment de plusieurs événements médiatiques (la série X-Files, la fausse autopsie de l’extraterrestre de Roswell en 1995), la culture OVNI s’est répandue en effet dans les foyers et a été assimilée par chaque citoyen. D’où une banalisation du phénomène qui l’a débarrassé de l’aura mystérieuse et extraordinaire qui l’enveloppait jusque-là. Les ovnis ont quitté le ciel pour investir les chaînes de télévision et les journaux. Le capitalisme les a absorbés pour les transformer en un produit culturel mainstream, en une donnée marchande comme n’importe quelle autre.

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2) Les OVNI ont laissé la place à la théorie du complot. Depuis quelques années, l’intérêt que suscitent les ovnis s’est déplacé : ce ne sont plus les entités célestes en elles-mêmes qui préoccupent mais l’idée que celles-ci puissent être la manifestation d’une vaste conspiration menée à l’échelle mondiale (et qui peut très bien ne pas concerner les extraterrestres). C’est la fameuse théorie du complot, à savoir la croyance en une autorité secrète élitiste qui, tout en manipulant les masses, exercerait un pouvoir illégitime dans le but d’arriver à des fins qu'elle seule connaît. La série X-Files a contribué à populariser ce mythe d’une vérité suprême cachée par un groupe d’individus. Et aujourd’hui, une bonne partie de l’opinion – voire même des spécialistes en ufologie – est persuadée que les ovnis sont un phénomène lié aux activités souterraines de cette communauté occulte, qu’ils ne sont que la partie visible d’un immense iceberg.

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3) La recherche scientifique n’est pas efficace. Si les ovnis ont disparu, c’est peut être aussi parce qu’on les cherche mal. C’est ce que suggère Pierre Lagrange, anthropologue des sciences. Les appareils dont se servent les scientifiques sont mal calibrés, mal ajustés ; ils mettent de coté facilement des phénomènes que l’on pourrait pourtant considérer comme d’éventuels ovnis. Mais c’est surtout la démarche scientifique des chercheurs dans son ensemble qui est problématique. Elle s’avère trop rigide, trop sélective ; elle n’est donc pas en mesure d’aboutir à des résultats positifs. Il faut élargir les critères de recherche et faire preuve de plus d’ouverture. Bref, il faut un vrai programme de recherche organisé autour d’un réseau d’informations et de données concrètes.

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4) Les OVNI sont là mais c’est l’homme qui ne les voit pas. Non seulement parce que, comme on vient de le voir, la ligne de conduite scientifique qu’il se fixe pour trouver des ovnis n’est pas opérante mais aussi parce qu’il n’est pas assez armé technologiquement pour les repérer. Imaginons que les manifestations célestes non identifiées soient l’œuvre d’une intelligence extraterrestre vieille de une ou deux millions d’années, comment dans ce cas l’être humain, du haut de ses quelques milliers d’années d’existence seulement, pourrait-il être capable de les reconnaître et de les comprendre ? On peut envisager aussi le cas de figure selon lequel les ovnis seraient les traces involontaires de visiteurs de l’espace ne cherchant pas à se montrer. Cela supposerait qu’il existe dans l’univers des civilisations bien plus développées qui s’interdiraient toute interférence avec l’homme, peut-être jusqu’à ce que celui-ci ait atteint un certain niveau technologique (ou un certain niveau de sagesse). La Terre serait alors un zoo, une sorte de parc naturel visité régulièrement par des extraterrestres venus procéder à diverses observations ou curieux de voir comment évolue la civilisation humaine.

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5) Les OVNI ont disparu parce qu’ils n’existent pas, tout simplement. Si les ovnis devaient être des vaisseaux spatiaux en provenance d’autres planètes, cela signifierait que les êtres qui les ont conçus bénéficient d’une technologie extrêmement poussée et développée par rapport à la nôtre. Car les voyages interstellaires exigent une maîtrise de techniques extrêmement complexes à mettre au point (obligation de se déplacer à une vitesse proche de celle de la lumière, fabrication et exploitation d’antimatière, hibernation, utilisation possible des trous de ver qui relient deux points différents de l’univers, etc.), tellement complexes qu’il est tout à fait possible qu’aucune intelligence ne soit parvenue à les domestiquer jusque-là. Aussi, la Terre n’a peut-être jamais reçu la visite de qui que ce soit depuis un ailleurs galactique. Les ovnis seraient alors des manifestations d’une tout autre nature, bien plus triviales que l’hypothèse extraterrestre (phénomènes météorologiques, confusion avec des objets artificiels tels que des avions ou des satellites, canulars, etc.). Cet argument a tout de même de grosses limites : les E.T. peuvent très bien jouir d’une technologie tellement en avance qu’ils ont trouvé depuis longtemps des moyens de résoudre les difficultés liées à l’immensité et à la complexité de l’univers que nos pauvres cervelles sont encore absolument incapables d’imaginer !

1 août 2006

La Photo de Solway Firth

(Pour voir les images en plus grand, cliquez dessus.)

   

     Pour inaugurer ce blog consacré aux faits et phénomènes « autres », permettez-moi de revenir sur le mystère entourant une étrange photographie prise en 1964 dans les marais de Burgh, près de l’estuaire de Solway Firth, à quelques kilomètres de la ville de Carlisle (Angleterre). Cette photo, qui fut publiée à l’époque dans plusieurs journaux anglais et étrangers, suscita un certain émoi chez tous ceux qui prirent connaissance de son contenu énigmatique. Mais aujourd’hui, cet incident et le trouble qui lui est lié sont tombés dans l’anonymat le plus complet et seuls quelques revues obscures et sites chelous (comme le mien) spécialisés dans le paranormal et l’ufologie évoquent encore cette ténébreuse affaire.

 

     Mais commençons par le commencement. Un jour, plus précisément le 23 mai 1964, un dénommé Jim Templeton (je n’ai pas trouvé une seule photo de lui, désolé), ex-pompier et photographe amateur, se rend avec sa femme et sa fille Elizabeth, âgée de cinq ans, dans les marais de Burgh pour une promenade sur les belles et vastes prairies dont regorge cet endroit. Le temps est chaud et ensoleillé ; il y a des vaches et des moutons ; deux vieilles dames tricotent dans une voiture garée non loin de là ; bref, tout semble normal. Repérant un paysage bucolique qui le subjugue, Jim décide de prendre Elizabeth en photo dans sa nouvelle robe, un bouquet de fleurs à la main. Puis la petite famille continue sa balade insouciante. Templeton se servira encore de son appareil pour immortaliser cette sympathique excursion.

UN INVITÉ SURPRISE

    Jusqu’ici, tout va bien. Mais, à partir de là, les choses se compliquent sérieusement. En effet, quelques jours plus tard, Jim Templeton récupère les photographies de la sortie du 23 mai chez le développeur à qui il a confié la pellicule. En les lui remettant, celui-ci regrette que le meilleur cliché d’Elizabeth ait été gâché par l’homme qui passait par là. Cette remarque désempare un Templeton qui ne comprend pas du tout ce que veut dire le marchand. En sortant de la boutique, il passe en revue toutes les photos. Jusqu’à ce qu’il tombe sur celle où sa fille tient un bouquet de fleurs dans la main… Voilà ce qu’il voit :

Solway_Firth_1

     Templeton est abasourdi : d’où sort cet individu à la combinaison blanche debout derrière sa fille ? Car le jour où il a pris cette photo, il n’y avait personne d’autre qu’Elisabeth et son bouquet dans l’objectif de son appareil. Il en est absolument certain. Et à aucun moment durant la promenade dans les marais, lui, sa femme et leur bout de chou n’ont croisé un grand homme de ce genre, engoncé dans un costume spatial de couleur blanche. Bref, comme je vous l’ai dit, les choses se compliquent sérieusement. Mais avant d’aller plus en avant dans ce récit stupéfiant, procédons à un agrandissement de la photo :


Solway_Firth_2

     Deux observations peuvent être faites concernant l’être (appelons-le ainsi par défaut puisque l’on ignore ce qu’il est réellement) qui surplombe la charmante Elizabeth :

1) Il se tient bizarrement. Il semble en déséquilibre sur une jambe. On pourrait même croire que ses pieds ne touchent pas le sol et qu’il flotte dans les airs.

2) Si l’on considère que l’être porte un casque (le petit rectangle noir à l’extrémité de son corps, là où se trouve là tête, s’apparente en effet à la visière d’un casque), alors on ne peut que constater qu’il fixe l’objectif de l’appareil de Jim Templeton, à l’instar de la petite fille. Or, son bras droit semble être à l’envers, comme s’il était tourné de l’autre coté, vers les paysages se situant derrière le coin d’herbe où Elizabeth fait la pose (la bande bleue ciel qui longe la ligne oblique délimitant l’espace gazonné). Serait-il contorsionniste ou… une créature vraiment autre ?

     Mais reprenons notre histoire là où nous l’avons laissée en suspens... Templeton, soupçonneux devant un fait aussi chelou, décide de remettre le cliché à la police. Qui le soumet à des ingénieurs de Kodak, le fabricant de la pellicule sur laquelle a été imprimée la scène, pour un examen approfondi. Celui-ci ayant été effectué, les experts sont formels : le document ne présente aucun défaut photographique et n’a pas été modifié par le biais d’un quelconque trucage. Bref, il est authentique de chez authentique.

LES MEN IN BLACK

     C’est alors qu’entrent en jeu les « chiens » de journalistes (pour reprendre l’expression de François Mitterrand lancée lors de l’enterrement de Pierre Bérégovoy en mai 1993). Et vous savez comme moi que lorsque déboulent les journalistes dans une affaire quelconque, il existe une forte probabilité pour que tout parte en vrille ou, du moins, pour que l’affaire en question prennent des ramifications inattendues (cf. le meurtre du petit Grégory en octobre 1984). Eh bien, c’est exactement ce qui va se passer avec le dossier de la photo mystérieuse de Solway Firth qui atteindra une ampleur totalement disproportionnée par rapport au contexte anodin dans lequel elle a débuté !

     La presse ayant entendu parler de l’être mystérieux « capturé » involontairement par Jim Templeton, elle parvient à publier l’intrigante photographie. Bientôt, après un effet boule de neige incontrôlable, ce sont des centaines de magazines et de journaux dans le monde qui diffusent le minois de la petite Elizabeth coiffée de son curieux chapeau blanc.

     Templeton reçoit alors la visite de deux individus assez chelous roulant en Jaguar, vêtus de costumes sombres, un peu dans le style des personnages de Tommy Lee Jones et Will Smith dans les deux films Men in black. Déclarant, cartes d’identité à l’appui, être des investigateurs travaillant pour le gouvernement, ils demandent à Templeton de les conduire à l’endroit précis des marais de Burgh où la photo d’Elizabeth a été prise. Là, ils lui posent des questions étranges sur le comportement des animaux locaux durant toute sa balade familiale, ainsi que sur les conditions météorologiques qui régnaient sur l’endroit ce jour-là. Puis l’un d’eux demande : « Et c’est là que vous avez vu l’être en blanc, donc ? » Templeton répond : « Désolé mais je n’ai vu personne. » Alors les deux hommes prennent subitement congé de leur vis-à-vis, regagnent leur Jaguar et laissent le pauvre père de famille tout seul dans les marais, à cinq miles de chez lui (c’est-à-dire huit kilomètres).

     Mais, au sens propre comme au sens figuré, Templeton n’est pas arrivé au bout de ses peines. En effet, après cet épisode « Men in black », l’affaire va encore basculer davantage dans sa tonalité « X Files ».

WOOMERA, AUSTRALIE

     Jim reçoit bientôt un courrier en provenance d’Australie, plus exactement de la zone de test de missiles de Woomera, au sud de l’île. Il s’agit d’une lettre écrite par des responsables de cette base. Ayant découvert la photo du curieux cosmonaute dans les journaux australiens, ils le pressent de lui envoyer une bonne copie couleur de celle-ci. La lettre précise les raisons de cette requête. Le lendemain de la promenade dans les marais de Burgh (le 24 mai 1964 pour ceux qui ne suivent pas), des fusées Blue Streak devaient être expérimentées dans la zone de Woomera. Mais le test n’a pu avoir lieu. Le compte à rebours a été stoppé en effet à cause de deux cameramen indépendants, chargés de filmer le lancement, qui ont aperçu dans le secteur deux grands personnages en blanc. La description qu’ils en font présente de nombreuses affinités avec l’être mystérieux de Templeton. Rappelons qu’à ce moment-là, la photo n’avait pas encore été développée. Elle ne pouvait donc avoir été montrée à qui que ce soit…

     Cette histoire va se terminer sur un rebondissement ultime, un peu comme dans les films de M. Night Shyamalan, mais un rebondissement qui n’expliquera rien et obscurcira davantage le mystère… Cette lettre australienne ayant fortement intrigué Templeton, celui-ci entreprend quelques recherches sur les éléments nouveaux apportés par le personnel de la zone de test de Woomera. Qu’apprendra-t-il au terme de ses investigations ? Que les missiles Blue Streak sont fabriqués en Angleterre. Plus précisément dans la base Spadeadam de la Royal Air Force, située à quelques miles des Marais de Burgh, sur la route qui va de Carlisle à Newcastle…

LA VÉRITÉ ?

     L’affaire ne connaîtra plus alors le moindre développement nouveau, ne sera plus bouleversée par un quelconque fait ou révélation imprévu.

     Aujourd’hui, quarante-deux ans plus tard, l’énigme n’a toujours pas été résolue. L’image défie toujours n’importe quelle explication raisonnable. Personne n’a été capable d’apporter le moindre éclaircissement crédible, n’a été capable de dire pourquoi un être se trouvant sur une photo a été invisible pour la personne qui tenait l’appareil, pourquoi des individus d’allure similaire ont été aperçus au même moment à deux endroits différents de la planète.

     Mouais. Ben vous savez quoi ? En travaillant et en m’informant sur ce sujet apparemment ténébreux et inexplicable, je pense l’avoir rendu moins ténébreux et inexplicable. Bref, je pense l’avoir élucidé.

     Déjà, l’alien bizarroïde de la photo de Jim Templeton a une apparence typique de l’époque où elle a été prise. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est en tous points conforme à l’image que l’on avait des visiteurs de l’espace dans les années cinquante et soixante, à la façon dont l’inconscient collectif les envisageait à ce moment du 20ème siècle. Regardez ces deux photos d’extraterrestres tirés de deux célèbres films américains de science-fiction des années cinquante, Le Jour où l’a terre s’arrêta et Planète interdite :


cap040


Robot_Plan_te_Interdite


     La ressemblance entre ces deux « choses » et l’astronaute de Solway Firth est troublante, non ? On observe la même forme humanoïde, le même aspect massif et le même habillage (casque et combinaison). Les similitudes avec l’être de la première photo sont même encore plus frappantes puisqu’il est de la même couleur (blanc) et, qu’en regardant de plus près, la matière dont est constituée sa tenue est assez voisine de celle de son collègue des marais anglais.

     Pourquoi donc un E.T. pris en photo devrait-il présenter le même look que ceux que l’on trouve dans les films de SF tournés à la même époque et, d’une manière générale, que ceux qui peuplent l’imagination des individus contemporains d’un document qui le montre ? Une créature non terrienne se fout des modes et des tendances qui dominent la planète bleue à un moment donné ; dans la mesure où elle vient d’un monde différent et inconnu, où sa façon de penser (si toutefois elle est consciente et pense) est par conséquent différente et inconnue elle aussi, ainsi que ses us et coutumes, la probabilité pour qu’elle présente un aspect coïncidant avec une représentation que les êtres humains se font d’un voyageur intergalactique est quasiment nulle. Qui a décrété qu’un extraterrestre devait forcément avoir une forme humanoïde ? Ou qu’il devait forcément être composé de matière ? Parce qu’un habitant d’une autre planète est, par définition, un être que l’on ne peut se figurer exactement et qui ne peut être l’objet que d’hypothèses, il peut ressembler à n’importe quoi. Mais vraiment à n’importe quoi. À quelque chose que l’esprit humain est même incapable d’envisager.

     C’est la raison pour laquelle je conclus à un canular. Si l’on regarde bien la photo de Templeton, on s’aperçoit que son bonhomme a une forme assez imparfaite et que ses contours sont plutôt grossiers. Normal : son corps n’est pas une masse concrète. Ce prétendu extraterrestre n’est rien d’autre en effet qu’un agglomérat de nuages qui, au moment où Templeton a libéré le petit oiseau, se sont assemblés et superposés pour créer la forme vaguement humaine que l’on voit sur la photo. Le 23 mai 1964, au dessus des marais de Burgh, le ciel était traversé par plusieurs pans nuageux, clairement visibles au second plan. L’être blanc n’est que le résultat de la trajectoire aléatoire de quelques blocs de nuages qui, eux, flottaient tout près des marais et de la petite Elisabeth. Quant à la visière (d’une forme assez régulière, elle aussi), il ne s’agit juste que d’un pépin technique survenu pendant le développement de la photo ; un doigt a sûrement dû se poser sur elle à ce moment-là. Si mon explication ne vous convainc pas, considérez donc le cliché en cachant la tête du cosmonaute avec un pouce ; vous constaterez alors que le reste de son corps ressemble à un nuage dès plus classique. C’est le casque (ou ce que l’on suppose être tel) qui induit l’observateur en erreur et lui fait croire qu’il est confronté à un visiteur spatial.

     L’alien de Solway Firth n’est donc que le fruit de plusieurs coïncidences (passage de nuages + dessin fortuit d’une silhouette humaine + incident technique lors du développement). En découvrant le portrait d’Elizabeth et son compagnon surprise, Jim Templeton s’est peut-être dit qu’il y avait là un bon coup à jouer en faisant croire au monde entier qu’il avait photographié un extraterrestre. Avec l’aide de quelques complices, il a très bien pu monter de toutes pièces ces histoires de « Men in black », de fusées Blue Streak et d’apparition simultanée de deux individus semblables aux antipodes. Cela lui a sûrement valu un pactole assez sympathique. Il prétend n’avoir touché aucune somme d’argent en retour des multiples publications de sa photo mais on sait très bien jusqu’où peuvent aller certains journalistes, surtout ceux qui bossent pour des tabloïds sans scrupules, prêts à mettre la main au portefeuille en échange de n’importe quel document susceptible de faire exploser les ventes de leur canard. Par conséquent, Templeton a très bien pu encaisser quelques petits chèques occultes… On n’est pas obligé de le croire sur parole quand il prétend le contraire… Mais bon, ce n’est que mon avis, hein !

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